Jérôme Pernoo, un des grands violoncellistes français actuels, se passionne pour la musique contemporaine, en particulier pour celle de Guillaume Connesson… Au point d’avoir initié la commande d’un concerto pour violoncelle que vient de lui passer musique nouvelle en liberté. La création aura lieu le 8 novembre prochain à Radio France dans le cadre des Paris de la musique.

Concertiste, professeur au CNSMD de Paris, producteur radiophonique, directeur du festival Les vacances de Monsieur Haydn à La Roche Posay, le violoncelliste Jérôme Pernoo, en génial touche-à-tout, multiplie les activités. Parmi celles-ci figure, à une place de premier plan, la défense de la musique contemporaine. « Il n’y a pas de plus grande excitation pour un musicien que d’attendre la prochaine partition qui lui est dédiée. J’aime m’imaginer la sensation et l’émotion que ressentaient les musiciens qui découvraient pour la première fois une nouvelle symphonie de Beethoven… »

Si, pendant ses études, Jérôme Pernoo a travaillé des œuvres contemporaines qu’il jugeait trop arides, il choisit aujourd’hui de défendre des œuvres différentes. « J’ai l’impression que nous vivons un tournant dans la création. Les compositeurs s’expriment de manière plus généreuse et sans complexes. » Il joue ainsi avec plaisir les œuvres d’un Pascal Zavaro, Thierry Escaich, Jérôme Ducros, et, surtout, Guillaume Connesson. Il a découvert Guillaume grâce au disque de musique de chambre intitulé Techno parade (RCA). « Ce fut pour moi une véritable révélation. Les œuvres de Connesson atteignent le juste équilibre entre la beauté spontanée et l’élaboration très savante. Son style me fait penser à celui de Poulenc. »

En février dernier, Jérôme Pernoo a créé la Sonate pour violoncelle du même Guillaume Connesson – une pièce inspirée du royaume légendaire d’Agartha. L’œuvre a obtenu un beau succès public, en étant bissé à chaque concert. « Ce qui m’étonne, c’est que Guillaume Connesson semble à l’opposé de sa musique. Alors qu’il est plutôt sérieux, bien mis, sa musique se révèle, quant à elle, pleine de fantaisie et d’énergie. Chez le pianiste et compositeur Jérôme Ducros, c’est pareil : il est timide et ses œuvres sont extraverties. Un paradoxe propre aux créateurs ! »

Le Concerto pour violoncelle de Connesson qui sera créé le 8 novembre prochain s’annonce de grande ampleur. Pas moins de cinq mouvements le structurent. « Le premier est granitique, presque comparable à un bloc de glace, tandis que le second est fluide, furtif, liquide. Le troisième est un mouvement lent, qui fait chanter le violoncelle. Après une cadence en guise de quatrième mouvement, le finale est pour sa part une grande danse très énergique. » Jérémie Rhorer, autre ami de Jérôme Pernoo, qui a dirigé celui-ci dans nombre de concertos de l’époque classique, sera à la tête de l’Orchestre de l’Opéra de Rouen dont l’effectif est celui d’une formation Mozart. Le violoncelliste qui apprécie également le talent de compositeur de Jérémie Rhorer attend avec impatience qu’il lui écrive un concerto. Il espère aussi une œuvre concertante de son complice Jérôme Ducros.

L’envie de création de Jérôme Pernoo est décidément insatiable.

La Lettre de Musique Nouvelle en Liberté No.41 octobre 2008 

écoutez des extraits du concerto